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Des cultures bio à haute valeur ajoutée

Emmanuel Quillou cultive 4 hectares de ciboulette pour Darégal, qui transforme notamment des plantes aromatiques en surgelés.

Dans l’assolement d’Emmanuel Quillou, les grandes cultures cohabitent avec les haricots verts, les plantes aromatiques et les oignons.

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Installé en 2001 sur la ferme familiale de Saint-Martin-de-Bréthencourt dans le sud des Yvelines, Emmanuel Quillou convertit la ferme au bio en 2010. « J’en avais assez de monter plusieurs fois sur le pulvé pour traiter les pommes de terre, se souvient-il. Mais à vouloir moins traiter, mes marges commençaient à s’en ressentir, je devais faire un choix : bien protéger mes cultures ou franchir le cap du bio. »

L’agriculteur a pris cette deuxième option alors que le marché du bio était porteur, et qu’il se situait « au cœur d’un maillage industriel » avec des parcelles irrigables. « Darégal, en Essonne, cherchait à développer la production de plantes aromatiques bio pour ses surgelés, et notamment celle de ciboulette et de persil, explique l’agriculteur. Par ailleurs, un voisin, qui produisait des haricots verts frais pour les GMS, était intéressé par ma gamme bio. Mais rapidement, ma production s’est avérée trop importante pour ce seul débouché et j’ai contacté d’Aucy. »

L'outil de Köckerling Bio Allrounder 700, en démonstration chez l'agriculteur, permet de scalper les 5 cm de l'horizon supérieur pour que les adventices se dessèchent. (©  Florence Mélix/GFA)

Aujourd’hui, sur sa dizaine d’hectares de haricots, 50 % sont destinés aux GMS en frais via son collègue, et 50 % à d’Aucy pour des conserves. « J’ai de très bonnes relations avec les industriels qui font évoluer le prix selon la hausse des charges, souligne-t-il. À la suite de la baisse de la consommation bio, il y a moins de surfaces contractualisées mais la production est mieux payée. »

Emmanuel Quillou a aussi développé la production d’oignons avec NégoBeauce (Eure-et-Loir), et de quinoa. « Je produisais du quinoa, que je conditionnais et vendais aux centrales d’achat des grandes surfaces bio mais comme j’ai encore du stock, j’ai semé du colza en 2023 et 2024. Je le vends, via un courtier, pour produire de l’huile. » Emmanuel Quillou valorise son ensacheuse automatisée en conditionnant la production de légumes secs de voisins. Ces cultures à forte valeur ajoutée n’ont pas occasionné de gros investissements, « l’objectif est de ne pas avoir à subir les conséquences d’un éventuel arrêt », souligne-t-il.

Ensiler la luzerne

Pour assurer ses rotations, il cultive également 50 ha de blé qu’il vend en direct au moulin de Brasseuil (Yvelines), 10 ha d’orge de printemps brassicole via la Coopérative Île-de-France Sud, et 25 ha de luzerne qu’il valorise auprès de l’usine de déshydratation Sidésup (Loiret).

« Mais avec la chute de la consommation de luzerne, l’usine décale les fauches (deux par an contre plus de trois il y a quelques années), ce qui altère la productivité et favorise le salissement des parcelles. Par ailleurs, les prix subissent une forte baisse depuis deux ans. Pour autant, la luzerne est nécessaire dans mon assolement pour apporter l’azote et gérer les chardons. Cette année, avec l’appui technique de la chambre d’agriculture de l’Île-de-France, outre les deux coupes de l’usine, je prévois donc de faucher la luzerne, de l’andainer et de la ramasser à la remorque autochargeuse pour la mettre en tas, en attendant de l’épandre dans les champs avant les semis de céréales. Je réduirais ainsi mes apports en fientes qui proviennent de loin et dont les prix ont tendance à augmenter. » Seul frein, la luzerne apporte peu de phosphore, « ce qui peut poser problème sur le long terme. » Pour les cultures à haute valeur ajoutée (haricots, oignons et aromatiques), des bouchons organiques, riches en azote, sont épandus.

Des adventices gérées sur la rotation.

Concernant la gestion des adventices, les industriels organisent plusieurs passages de désherbage manuel sur oignons et aromatiques. En interculture, pour éliminer les adventices et ne pas contrarier l’activité biologique du sol, l’agriculteur scalpe l’horizon avec le chevelu racinaire, sur 5 cm, après la moisson et en sortie d’hiver. En entrée d’hiver, dès que le sol devient trop humide pour que le scalpage reste efficace, plusieurs buttages sont réalisés sur 6 ou 7 cm.

Pour l’agriculteur, le marché de niche qu’est le bio doit être tiré par la demande. « Il faut donc rappeler aux consommateurs les effets positifs du bio sur l’environnement et la santé, et démocratiser la consommation du bio en passant, par exemple, par la production de légumes de plein champ pour réduire les coûts. » L’agriculteur a produit jusqu’à 10 t/ha de denrées alimentaires, « aujourd’hui, je suis limité à 7 t/ha, faute de débouchés ».

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